Stéphane Klein

LES AILES DE L’ARTISTE



Stéphane Klein a découvert la photo à l’âge où d’autres jouent aux billes. Lui, il capturait déjà des images. De vendanges, entre autre. Et il ne s’est jamais arrêté. Le chasseur s’est aguerri. Le photographe a mûri. L’artiste est né peu à peu. Et le sociologue, ou l’ethonologue, pourrait bien émerger bientôt de plusieurs décennies de patientes rencontres de ses contemporains aux quatre coins du monde. Et des images émouvantes qu’il en a rapporté.

DES AILES DANS LE DOS
Car, très vite, des ailes ont poussé dans le dos du photographe. Pas forcément des ailes d’ange. Mais des ailes de voyageur impénitent et discret.
Devenu professionnel en 1988, Stéphane Klein a mené de front deux carrières. Celle d’un reporter-photographe, au sein du journal Sud-Ouest, auquel il collabore depuis 1988. Celle, plus personnelle, d’un photographe-reporter en quête d’Humanité.

ALLER-RETOUR
Une quête avec en poche des billets d’avion autofinancés, de train, de toute sortes de véhicules, pourvu qu’ils avancent en terre inconnu. Des billets Aller et Retours. Pour partir. Pour revenir, certes. Mais pour repartir aussi. Car Stéphane Klein est presque toujours retourné sur les lieux de ses premières captures.
Vrai pour le Portugal, découvert en 1991, et sillonné plus tard à moto. Vrai pour l’Afrique de l’ouest, qu’il abordera en 1995. Il y reviendra, accompagnant par exemple, des missions humanitaires, avec Electriciens sans frontière, ou Ophtalmo sans frontière. Puis viendra la découverte, décisive, de l’Asie. L’Inde, d’abord, en 1996. Puis le Viêt-Nam, la Birmanie, la Thaïlande, la Mongolie. La Chine enfin. Pendant dix ans. Avec chaque fois un œil fraternel posé sur l’Empire en mutation. Sur son petit peuple des Hu-Tongs, ces habitats traditionnels de la capitale, Beijing, disparaissant peu à peu, submergés par la croissance et le béton des immeubles géants.

COMMANDES
Ses ailes ne l’empêchant pas de marcher, Stéphane a aussi bourlingué pour des travaux de commandes. Brésil, Angleterre, USA, Egypte, Dubaï, Iran… Commandes de grosses sociétés qui ont fait confiance au saltimbanque. Un saltimbanque dont Jean-Claude Lemagny, conservateur à la Bibliothèque Nationale, avait, au tournant du siècle, pris en dépôt légal plus de soixante tirages noir et blanc. Un saltimbanque dont les premiers pas en Asie ont été parrainés et salués par un certain Willy Ronis. Excusez du peu ! Car Stéphane, en plus, est têtu. Le numérique, il connaît et pratique. Mais il reste amoureux de l’argentique, du noir et blanc, et de la magie du labo. Les tirages précis et précieux, qu’il exécute lui-même, doivent sans doute un peu à Claudine et Jean-Pierre Sudre, célébrissimes magiciens du tirage en noir et blanc. Ils avaient pris le jeune Stéphane en sympathie. Ils lui ont légué quelques secrets. Les tirages au sélénium…D’autres encore… Rencontres, toujours…

Sylvain Viaut
Journaliste à Sud-Ouest

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